Quelques textes que nous aimons bien sur/par des "Blacks" nettement moins d'occase....
* Extrait du dernier sermon de Martin Luther King
* Extrait de "la Force d'Aimer" de Martin Luther King
* Comment Thomas Dorsey a-t-il composé "Take my Hand"
* L'Oncle Tom lit sa Bible (Extrait du roman "La Case de l'Oncle Tom"
« Ce qui va m'arriver maintenant n'importe guère. Nous avons devant nous des journées difficiles. Mais peu M'importe ce qui va m'arriver maintenant. Car je suis allé jusqu'au sommet de la montagne. Et je ne m'inquiète plus. Comme tout le monde, je voudrais vivre longtemps. La longévité a son prix. Mais je ne m'en soucie guère maintenant. Je veux simplement que la volonté de Dieu soit faite. Et il m'a permis d'atteindre le sommet de la montagne. Et j'ai regardé autour de moi. Et j'ai vu la Terre Promise. Il se peut que je n'y pénètre pas avec vous. Mais je veux vous faire savoir, ce soir, que notre peuple atteindra la Terre Promise. Ainsi je suis heureux, ce soir. Je ne m'inquiète de rien. Je ne crains aucun homme. Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur. »
Le 4 avril 1968 Martin Luther King est assassiné.
LA FORCE D'AIMER
Aucun conseil de jésus probablement n'a été plus difficile à suivre que le commandement d' « aimer vos ennemis ». Les uns ont sincèrement estimé que sa mise en pratique concrète n'est pas possible. Il est facile, disent-ils, d'aimer ceux qui vous aiment, mais qui pourrait aimer ceux qui ouvertement ou insidieusement cherchent à l'abattre? D'autres, comme le philosophe Nietzsche, prétendent que cette exhortation de Jésus à l'amour pour les ennemis démontre due la morale chrétienne est faite pour les faibles et les poltrons, non pour les forts et les courageux. Jésus, disent-ils, était un idéaliste sans esprit pratique.
Quelles que soient l'insistance de ces questions et la persistance de ces objections, le commandement de jésus nous interpelle avec une nouvelle urgence. Secousse après secousse nous ont rappelé que l'homme moderne chemine sur une route de haine, en un voyage qui nous conduira à la destruction
[…]
« Jésus ordonne d'aimer ceux qui nous maltraitent et qui nous persécutent? Ne suis-je pas comme beaucoup de prédicateurs : idéaliste et dénué de sens pratique? Peut-être dans quelque distante Utopie, direz-vous, cette idée pourrait-elle servir, mais pas dans le monde dur et froid où nous vivons.
Mes amis, nous avons suivi trop longtemps la voie soi-disant pratique et elle nous a conduits inexorablement à un désordre plus profond et au chaos. Le temps est encombré des ruines de communautés qui se sont abandonnées à la haine et à la violence. Pour le salut de notre nation et pour le salut de l'humanité, nous devons suivre une autre voie. Ceci ne veut pas dire due nous abandonnions nos efforts pour la justice. Chaque once de notre énergie doit être employée pour délivrer cette nation du cauchemar de la ségrégation. Mais nous n'abandonnerons pas en chemin notre privilège et notre obligation d'aimer. En abhorrant la ségrégation, nous aimerons les ségrégationnistes. Il n'y a pas d'autre façon de créer la communauté bien-aimée.
A nos adversaires les plus farouches, nous disons : « A votre capacité d'infliger la souffrance, nous opposerons notre capacité d'endurer la souffrance. A votre force physique nous répondrons par la force de nos âmes. Faites-nous ce que vous voulez, et nous continuerons à vous aimer. Nous ne pouvons, en toute bonne conscience, obéir à vos lois injustes, car la non-coopération avec le mal est autant que la coopération avec le bien une obligation morale. Jetez-nous en prison, et nous vous aimerons encore. Envoyez à minuit dans nos communautés vos cagoulards perpétrer la violence et nous laisser à demi morts, et nous vous aimerons encore. Mais soyez assurés que nous vous conduirons à l'épuisement par notre capacité de souffrir. Un jour nous gagnerons la liberté, mais pas pour nous seuls. Nous lancerons à vos cœurs et à vos consciences un tel appel que nous vous aurons gagnés en chemin et que notre victoire sera une double victoire. »
[…]
L’évangile a raison éternellement, L’histoire est pleine des ossements blanchis de nations qui refusent de l’entendre. Puissions-nous au XX° siècle entendre et suivre ces écritures avant qu’il soint trop tard. Puissions-nous prendre conscience que nous ne serons jamais d’authentiques fils de notre Père Céleste, sinon en aimant nos ennemis et en priant pour ceux qui nous persécutent. »
« Histoire du Negro Spiritual et du Gospel »
de l’Exode à la Résurrection
Noël Balen
Ed. Fayard
"THOMAS DORSEY"
« Né le 1° Juillet 1899 à Villa Rica en Géorgie, Thomas Dorsey passe son enfance dans le giron de l’église baptise où il chante très tôt les hymnes traditionnels de Watts et Wesley. Pour soutenir le déroulement des offices où son père est prédicateur, il apprend le piano. Mais très vite, il va aussi animer des fêtes du pays. Puis il part pour Chicago où joue dans de nombreux groupes, accompagnant des chanteuses de blues. Son association avec certains musiciens lui vaut une réputation d’artiste licencieux, voire franchement pornographique.
Toutefois, il continue à écrire des airs religieux qu’il revendique sous le terme de gospel songs. Malgré sa réputation de mécréant et son étiquette de chanteur léger, il parvient à entrouvrir les portes de quelques temples. Il édite et imprime lui-même les morceaux qu’il diffuse peu à peu auprès des églises.
Sa persévérance lui vaut d’obtenir enfin la reconnaissance, et il se consacre aux compositions évangélique de manière exclusive. Il fonde la première chorale de gospel songs en puisant dans son expérience de bluesman, de jazzman et d’entertainer. Ses musiques et ses textes se veulent résolument optimistes, joyeusement contagieux et fondés sur l'espoir de retrouver des jours meilleurs pour effacer les angoisses de la crise économique. Néanmoins, un drame va bouleverser la vie de cet homme à qui tout semble réussir. En 1932, alors qu'il voyage pour organiser une chorale à Saint Louis, il apprend le décès de sa femme en couches et celui de son enfant deux Jours plus tard. Anéanti, littéralement dévasté, Dorsey s'enferme pendant trois jours dans son cabinet de travail et puise au fond de lui une force qui pourra l'aider à surmonter sa douleur. Il ressort de l'abîme avec un des chefs-d’œuvre les plus bouleversants de la musique afroaméricaine, le cêlébrissime Take My Hand, Precious Lord dont chaque note et chaque mot suintent la détresse, la souffrance et la quête du réconfort auprès d'un Dieu de miséricorde.
Precious Lord, take my hand, lead me on, let me stand I'm tired, I am weak, I am worn
Thru the storm, thru the night, Lead me on to the light
Take my hand, precious Lord, lead me home.
Doux Seigneur, prends ma main, guide-moi, aide-moi à faire [front]
je, suis fatigué, je suis faible, je suis brisé A travers la tourmente, à travers la nuit, Guide-moi vers la lumière
Prends ma main, Doux Seigneur, guide-moi vers la maison. »
Extrait de "La Case de l'Oncle Tom" d'Harriet Beecher Stowe
Tom, en voyant se dérouler ainsi les plantations l'une après l'autre, avait pour ainsi dire sous les yeux la carte de l'existence qu'il allait mener.
I1 voyait dans le lointain les esclaves au travail, il voyait leurs villages de huttes, rangées en longues files, loin des superbes maisons et du parc du maître, et à mesure que se déroulait ce tableau vivant, son cœur retournait à la vieille ferme du Kentucky, cachée sous le feuillage de vieux hêtres! I1 revenait à la maison de Shelby, aux appartements vastes et frais, et à sa petite case à lui, toute festonnée de multiflores, toute parée de bignonias... I1 croyait reconnaître le visage familier de son camarade, élevé avec lui depuis l'enfance; il voyait sa femme occupée des apprêts du souper, il entendait le rire joyeux de ses enfants et le gazouillement du baby sur ses genoux... puis tout s'évanouit... I1 ne vit plus que les cannes à sucre et les cyprès des plantations étincelantes ; il n'entendit plus que le craquement et le mugissement de la machine, qui ne lui disait, hélas ! que trop clairement, que toute cette phase de sa vie était disparue pour toujours.
Dans de pareilles circonstances, nous avons, nous, la lettre, cette joie amère! nous écrivons à notre femme; nous envoyons des messagers à nos enfants. Mais Tom ne pouvait pas écrire : pour lui la poste n'existait pas. Pas un seul ami, pas un signal qui pût jeter un pont sur l'abîme de la séparation!
Est-il étrange alors que quelques larmes tombent sur les pages de sa Bible, posée sur une balle de coton, pendant que d'un doigt patient il s'avance lentement d'un mot à l'autre mot, découvrant l'une après l'autre les promesses de Dieu et nos espérances !
Comme tous ceux qui ont appris tard, Tom lisait lentement. Par bonheur pour lui, le livre qu'il tenait
était un de ceux qu'on peut lire lentement sans lui faire tort ; un livre dont les mots, comme des lingots d'or, ont besoin d'être pesés séparément, pour que l'esprit puisse en saisir l'inappréciable valeur!
Écoutons-le donc ! voyons comme il lit, s'arrêtant sur chaque mot et le prononçant tout haut :
«Que -votre -cœur -ne -se -trouble -point. - Dans -la - maison - de - mon - père - il y - a - plusieurs - demeures. - Je - vais - préparer - une - place - pour - vous."
Pour Tom, il y avait là tout ce qu'il lui fallait, une vérité si évidente et si divine, que la possibilité d'un doute n'entrait même pas dans son cerveau!
Il faut que cela soit vrai.; car, si cela n'était pas vrai, comment pourrait-il vivre?
La Bible de Tom n'avait point d'annotations à la marge ni de commentaires dus à de savants glossateurs. Cependant elle était enrichie de certaines marques et de points de repère de l'invention de Tom, qui lui servaient beaucoup plus que de savantes expositions.
Il avait l'habitude de se faire lire la Bible par les enfants de son maître; et surtout par le jeune Georges; et, pendant qu'on lisait, lui, avec une plume et de l'encre, faisait de grands et très visibles signes sur la page, aux endroits qui avaient charmé son oreille ou touché son cœur.
Sa Bible était ainsi annotée d'un bout à l'autre avec une incroyable variété et une inépuisable richesse de typographie.